Cette aquarelle représente la Bonne Amitié, navire de l'armement Lacoudrais. On le voit ici sortant de l'estuaire de la Seine dans sa configuration initiale, c'est-à-dire avant la transformation qui lui permettra, en Afrique, d'accueillir des captifs.
Anonyme
La Bonne amitié, CaP.ne. Amand Dunepveu,
1786, encre, aquarelle et gouache sur papier vergé, 48,2 X 63,7 cm,
musée de la Marine, Honfleur, inv.dess.39.134
(c) Illustria
Cette affiche rarissime, probablement placardée sur le port de Honfleur, annonce l'arrivée, en direct des "îles françoises", du navire la Bonne Amitié chargé de denrées coloniales (sucre, café, indigo, tafia).
Affiche annonçant l’arrivée du brick La Bonne Amitié à Honfleur,
craie noire au pochoir sur papier, 61 x 48 cm,
musée de la Marine, Honfleur, inv.VH.2023.0.1
©Illustria
Le capitaine du navire consigne dans son journal de bord à la fois les données météorologiques, les faits notables tels que la rencontre d'autres navires ou encore les modifications de charpente nécessaires à l'entrée en cale des captifs.
Journal de bord du navire l’Aimable Rose pour la côte de Guinée,
Capne Jacque Lacoudrais armateurs Mrs Lacoudrais Père fils aîné & Cie d’Honfleur, 1792-1793,
encre brune sur papier vergé, couverture en velin sur carton fermée par deux lacets,
musée de la Marine, Honfleur, inv.999.0.202
© Illustria
Il n’est pas rare, pendant les traversées, que les esclaves, préférant mourir de faim pour échapper à un sort funeste, soient forcés avec un ouvre-bouche à avaler de la nourriture. Enchaînés les uns aux autres, les survivants débarquent donc aux Antilles avec le goût de la révolte et de la mutinerie ; un phénomène récurrent dès le début de la colonisation du fait de l’import massif d’esclaves dans les plantations sucrières, grandes consommatrices de main d’œuvre.
Speculum oris dit « ouvre-bouche »
France, 18e siècle
Fer forgé repris à la lime, 13.8 x 4.5 x 3.6 cm,
Rouen, musée Le Secq des Tournelles – RMM, inv. LS.5761
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES
Dans cet ouvrage dédié au nouveau monde est décrit la géographie de l'Amérique, les territoires et peuples rencontrés, la faune et la flore locales. A la fin de cet ouvrage se trouve un appendice concernant les « marchandises qui se trouvent en Amérique ». Y sont décrits les conditions de vie réservées aux esclaves.
François Dassié,
La Description generale des costes de l'Amerique, havres, isles, caps, golfes, bancs, ecueils, basses, profondeurs, vents & courans d'eau. Des peuples qui les habitent, du temperamment de l'air, de la qualité des terres & du commerce.
Le Havre, Bibl. mun., R 2911.
Cette gravure de 1789 illustre les conditions brutales de transport des captifs africains dans un navire négrier durant la traversée de l’Atlantique. Le Brooks fut construit à Liverpool en 1781. 454 captifs sont parqués. Les hommes, enferrés aux chevilles deux par deux sont détenus de la proue jusqu’au centre, les enfants à la poupe et les femmes au milieu. Ce plan en coupe a considérablement marqué les esprits.
Plan and Section of a Slave Ship
1789
Gravure éditée par James Phillips, Londres, 49x37,4 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.309
Pendant la traversée, les captifs sont régulièrement conduits sur le pont, par petits groupes afin de pouvoir dégourdir leurs membres et être lavés à l’eau de mer. Ils sont contraints de récurer le pont et de danser souvent au rythme du fouet. Pendant ce temps, l’équipage nettoie rapidement la cale pour lutter contre les épidémies.
Anonyme
(Traversée) Danse de Nègres
1837-1842 Gravure aquarellée extraite de La France Maritime, 18,9x26,6 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.315
En 1815, le Congrès de Vienne marque la première condamnation internationale de la traite atlantique avant son interdiction progressive par tous les États européens dont la France. Néanmoins, plusieurs dizaines d’expéditions illégales de traite en partance de Bordeaux sont encore identifiées entre 1815 et 1837. À partir de 1820, les vaisseaux de la marine française et anglaise libèrent les captifs embarqués sur les négriers clandestins.
Alexis Perrassin, d’après François Auguste Biard (1799-1882)
Le droit de visite
Après 1846
Lithographie extraite du Moniteur des arts, d’après un tableau (perdu) présenté au Salon de 1846, 23x31 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.193
Le capitaine Liard aurait commandé le navire la Doris à deux reprises, entre 1802 et 1804. Alors qu'il était en route pour La Réunion, il fit naufrage au large de Zanzibar en janvier 1804 ; il fut sauvé, mais aucun des captifs de sa cargaison ne survécut.
Houllet,
La Doris (en médaillon : le capitaine Liard)
Encre noire et graphite sur papier, 44 X 56 cm
Musée de la Marine, Honfleur, inv. 999.0.470
©David Gadanho
Le Phénix, navire de faible tonnage (62 tonneaux), est un brick d'occasion construit en Angleterre et reconverti en navire de traite comme cela se produisait souvent. Il était la propriété de l'armement Lacoudrais.
Le Phénix
Capitaine Jacque Lacoudrais,
1786, encre, aquarelle et gouache sur papier vergé, 51,7 X 67,5 cm,
musée de la Marine, inv.dess.39.135, legs Eudes, 1938
(c) Illustria
Ce certificat de décès d’un enfant captif africain, établi par le capitaine Barabé lors du voyage de L’Alligator reste la seule trace connue de son existence. La mort d’un captif correspondait à une perte financière pour l’armateur dont le capitaine devait rendre compte à son employeur.
Procès-verbaux de décès des captifs du navire L’Alligator durant la traversée de l’Atlantique (novembre 1791).
Déclarations (5 & 6, 7 et 15).
Le Havre, Archives municipales, fonds Boivin-Colombel, 49Z150. Acquisition 2009-2010.
Ce journal de bord est celui de La Rosalie, un navire appartenant à l’armateur havrais Jean-Baptiste Bassac. Il part du Havre le 29 décembre 1788 et après 7 mois passés sur la côte africaine, le capitaine acquiert de nombreux captifs. Durant la traversée, une soixantaine d’entre eux meurent de différentes maladies. Les déportés sont marqués au fer lorsque l’équipage découvre qu’ils s’apprêtaient à se révolter.
OSMOND, Augustin-David,
Journal de navigation du navire La Rosalie du Havre Capitaine M. Castandet, allant du dit lieu à la côte d'Angolle,
Le Havre, 1788-1790
Manuscrit, Bib. mun. Le Havre, Ms 516
D’une durée moyenne de deux mois, la traversée est une épreuve sans équivalent pour les hommes, les femmes et les enfants qui, séparés dans « le parc aux hommes » et « le parc aux femmes » afin d’éviter toute révolte, vivent un véritable cauchemar. L’angoisse est immense, comme la détresse. La traversée est interrompue par des « rafraîchissements » sur le pont afin de maintenir les captifs dans une condition physique propice à leur revente dans les colonies. Lieu de toutes les horreurs, de tous les abandons, les navires négriers sont des espaces de violence à nuls autres comparables.
Notice : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes
Entrave de traversée
18e siècle
Fer (7,8 x 60,4 x 21,3 cm)
Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, INV ; 965.4.7
Crédit photo : © François Lauginie Chateau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes