La captation des mis en esclavage se fait dans les villages dans lesquels des prisonniers de guerre, issus d’ethnies rivales, victimes de razzias ou encore coupables d’adultère, sont achetés par des marchands locaux (tel Don Francisco de Souza, surnommé « Chacha ») avant d’être marqués au fer rouge.
Fouet dit « à esclaves »
Afrique de l'Ouest, 19e siècle
Bois et cuir, 63 x 4,1 x 2 cm,
Rouen, muséum d'Histoire naturelle – RMM, inv. ETHN.180514014,
coll. Albert Vercoutre Rouen
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES
Le trafic d'êtres humains est très organisé, comme au Danhomè (Dahomey, Bénin) où des armes sont confectionnées spécialement pour aller capturer des individus. Les soufflets de forge participaient à ce système.
Soufflet de forge
Afrique centrale, 19e siècle
Bois et cuir, 55 x 12 x 20 cm,
Rouen, muséum d'Histoire naturelle – RMM, inv. ETHN.110000024,
coll. Saints Frères
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES
Les Européens traitent directement avec des intermédiaires africains. Sur la côte d’Angole par exemple, le mafouk, représentant royal, fait édifier des magasins sur pilotis avec une palissade, des quibomgo. Ces derniers sont loués aux Occidentaux pour vendre aux enchères de la pacotille (verre, tissus, armes) contre des esclaves.
Siège de chef Bénin
19e siècle
Bois, 43 x 23,5 x 24 cm,
Rouen, muséum d'Histoire naturelle – RMM, inv. ETHN 110000104
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES
Chaque année, le Buriyan célèbre la naissance du Chacha, fondateur de la communauté afro-brésilienne au Bénin, Don Francisco Félix de Souza, vice-roi de Ouidah et l’un des principaux trafiquants d’esclaves en Afrique de l'Ouest au début du 19e siècle. Héritier du carnaval brésilien, les rôles y sont inversés tout en consolidant la hiérarchie sociale et les rapports de pouvoir au sein de la famille : les de Souza d’ascendance servile portent temporairement les masques des anciens maîtres de Souza. La « Mort-Maître » est investie ici d’un double rôle, à la fois protecteur et oppresseur pour ceux qui violent la hiérarchie interne à la communauté.
LO CALZO, Nicola (1979-)
Gerardo De Souza et la Mort, après la cérémonie du Bourian
Plage de Ouidah, Bénin, 2011
Tirage pigmentaire FineArt – papier Hahnemühle Baryta Collection particulière de l’artiste
(c) Nicola Lo Calzo
Explorée dès 1380 par des Dieppois à recherche d’épices et d’ivoire, La Mine, renommée « Elmina » à partir de l’occupation portugaise de 1482, devient un des hauts lieux du commerce d’esclaves. De 1637 à 1872, le château d’Elmina devient le QG des colons flamands de la Côte d’or, avant d’être transformé en centre d’entraînement par les Britanniques au 19e siècle. Depuis 1972, il est géré par les services patrimoniaux du Ghana et est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. À ce titre, il est un lieu touristique réputé pour témoigner de la réalité de la traite atlantique.
LO CALZO, Nicola (1979-)
Vue sur l’atelier de construction des pirogues
Elmina Castle, Ghana
Tirage pigmentaire FineArt – papier Hahnemühle Baryta
Rouen, musées Beauvoisine – RMM, inv. 2023.1 PHOT
(c) Nicola Lo Calzo
Cette carte aquarellée de la côte de Guinée détaille plus particulièrement les îles Bissagots, que les navires de traite normands fréquentaient. Elle donne, notamment, comme toute carte marine, la hauteur des fonds marins.
Carte de la côte de Guinée
encre, aquarelle et gouache sur papier vergé, 74,5 X 53,5 cm
musée de la Marine, Honfleur, inv.Dess.39.111,
achat à la société normande de Géographie, Rouen, 1932
(c) Illustria
Les Africains, vendeurs de captifs, sont très soucieux de la qualité marchandises échangées contre les prisonniers. Averti de fraudes, Pierre Etienne de Boynes, secrétaire d’Etat à la Marine, menace de poursuites les capitaines peu scrupuleux, soupçonnés de négocier avec des produits occidentaux de médiocre qualité.
BOYNES, Pierre Étienne de, secrétaire d’Etat à la Marine,
Lettre déplorant les fraudes commises sur les côtes d’Afrique par des capitaines qui échangent contre des objets de traite des produits contrefaits, 3 mai 1771
Le labeur éreintant dans les plantations est moteur de nombreuses tentatives de fuite de la part des esclaves, alors qualifiés de « marrons », un terme issu de l’espagnol cimarrón qui désigne initialement le bétail échappé des collines de Saint-Domingue. La loi française est particulièrement sévère à l’égard de ces fugitifs ou de ceux qui les protègent. Ces fers issuent donc tout autant l'oppression des colons que la force de résistance et de rébellions des mis en esclavage qu'elle réprime.
Entrave d'esclave
Afrique de l'Ouest 19e siècle
Fer forgé, 34x12 cm
Rouen, muséum d'Histoire naturelle- RMM, ss n°.
Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Les capitaines de navires organisent la vente des captifs sur plusieurs sites. La vente peut s’effectuer à crédit, avec des échéances signalées sur ces tableaux. Les acheteurs ont des statuts très divers. Les « habitants » achètent souvent une dizaine d’esclaves pour leurs plantations.
La Vente des nègres Extrait de La France Maritime,
1837-1842, t. 3, p. 97
Gravure sur acier, H. 19,5 cm x L. 28,5 cm
Le Havre, Musées d’art et d’histoire, inv. MA.1988.1.5 Achat de la ville
Le 16 décembre 1769, le capitaine Jean-Baptiste Fautrel-Gaugy clôt la période d’achat de sa campagne à bord de La Marie-Séraphique sur les côtes africaines. Les prescriptions de l’armateur Jacques Barthélémy Gruel, la capacité de son navire et l’avancée de la saison ont guidé sa décision. 312 personnes ont été achetées : 192 hommes, 60 femmes, 51 garçons et 9 filles. La traversée peut commencer.
Notice : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes
LHERMITTE René, Plan, profil et distribution du navire La Marie Séraphique de Nantes, armé par Mr Gruel, pour Angole, sous le commandement de Gaugy, qui a traité à Loangue, dont la vue est cy-dessous la quantité de 307 captifs (…)
Vers 1770
Aquarelle et encre sur papier, 74,6 x 53,4 cm
Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, inv. 2005.3.1
Achat avec l’aide du FRAME
Crédit photo : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes