Dans la société créole où les colons blancs jouissent du privilège de leur couleur de peau, la réussite se mesure aussi à la puissance matérielle et à l’importance de la fortune. Une distinction est ainsi établie entre les « petits Blancs » et les « grands Blancs », essentiellement sucriers, administrateurs et propriétaires de grandes plantations. Deux esclaves sont visibles dans le coin inférieur gauche.
D’après Nicolas de Largillière
Portrait de planteur
XVIIIe siècle
Huile sur toile, 126x100 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.3
Cette lithographie satirique dénonce avec cynisme les sévices faits aux Africains mis en esclavage dans les plantations de canne à sucre. L’humour est utilisé de manière violente afin de mieux dénoncer les conditions des esclaves dans les colonies et la brutalité des planteurs.
Charles Jacquier
Un planteur entêté
Vers 1830-1840
Lithographie extraite du journal La caricature, 36x26 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.114
Ce dessin anonyme met en scène un homme esclavisé coupant la canne à sucre et observé par un planteur élégant. À l’arrière-plan, deux autres esclaves lient les tiges étêtées qui seront ensuite transportées vers le moulin. La scène paraît paisible, très loin du travail harassant imposé aux « nègres de houe » affectés aux travaux des champs. L’initiale de la signature, « M », est peut-être celle du dessinateur et lithographe français Frédéric Mialhe (1810-1880), qui vécut à Cuba entre 1838 et 1854.
Anonyme
Scène de récolte de la canne à sucre
Vers 1830
Lavis de sépia signé « M. » en bas à droite, 23,2x28,8 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, legs Chatillon, inv. 2003.4.104
En 1646, Jean Le Vasseur, aventurier normand, devenu gouverneur de l’île de la Tortue est conscient des bénéfices qu’il pourra tirer du développement de l’esclavage. Quand son beau-frère havrais, Isaac Boivin, souhaite développer une plantation en Martinique, il lui conseille de remplacer les engagés européens par des esclaves venus d’Afrique.
LE VASSEUR, Jean,
Lettre à Isaac Boivin l'engageant à recourir aux esclaves africains pour exploiter sa plantation, juillet 1646,
Arch. mun. Le Havre, 49Z6
En 1646, Isaac Boivin, commerçant à Montivilliers, s'installe aux Antilles pour exploiter le « bois brésil », une plante tinctoriale. Il y fonde une plantation et utilise des esclaves. Au 18e siècle, Théodore Louis Boivin, descendant d'Isaac, établit une plantation au Heleu en Guadeloupe. Avec le soutien du principal ministre Choiseul, la plantation prospère et compte 400 esclaves.
SENGTARK, arpenteur du roi,
Plan de l'habitation du Heleu : située aux quartier & paroisse de S[ain]te Anne de l'isle grande terre
Guadeloupe, 18e siècle,
Bib. mun. Le Havre, CP Ch 560
La famille Maré, originaire de Nantes, possède des habitations dans les quartiers des Vases et au Boucassin, au nord de Port-au-Prince. Elle entretient des liens étroits avec Nantes, une union ayant établi avec la famille Grou, l’une des principales familles négociantes et négrières de la ville, un lien de parenté et d’intérêts au milieu du siècle. Dressé en 1771 dans le cadre de la succession de Jérôme Maré (1729-1759), capitaine de milice de l’Arcahayes, un plan légendé donne le détail des installations de l’habitation sucrière La Solitude, dont il était le propriétaire. On y distingue les champs de canne, la demeure du maître, le logement des esclaves, les jardins vivriers qui leur sont réservés, et au centre, les bâtiments industriels indispensables à la production du sucre. La plantation coloniale est un univers parfaitement organisé, fermé sur lui-même.
Notice : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes
Dessin aquarellé sur papier vergé (129,6 x 96,5 cm), La Solitude, habitation sucrière de Jérôme Maré, quartier des Arcahaÿes à Saint-Domingue, 1771 , Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, inv. 2010.26.2
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Crédit photo : ©Alain Guillard / Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes