II.2 Familles d'armateurs, négociants et financiers

musée des Beaux Arts, Rouen, inv.AG.1970.7.1

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Aristocrate ayant acquis sa charge de conseiller-secrétaire du roi, maison et Couronne de France en 1753, Antoine IV Le Couteulx de Verclives (1722-1810) s’inscrit dans la branche des négociants de la famille de Paris et Cadix, mais aussi dans la lignée des rôles politiques (son père est juge-consul à Rouen) : il est Deuxième consul de Rouen en 1752, puis syndic de la chambre de commerce de la province de Normandie en 1767, 1782, 1789, et est parallèlement maire de Rouen de 1774 à 1776. Il y acquiert en 1783 l’hôtel particulier du 34 rue aux Ours, puis en 1786 le château de Verclives (Eure), anciennement propriété de la famille Vieilsmaisons.

TOCQUE Louis (1686-1772)
Portrait d'Antoine IV Le Couteulx de Verclives
Rouen, fin 18e siècle
Huile sur toile, 78 x 68 cm
Le Havre, Maison de l'armateur, inv. 2019.5.1
(c) Ville du Havre

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Pierre-Prosper Pimont (né à Rouen en 1797) est le fils d’un industriel normand spécialisé dans la teinture des tissus. Celui-ci intègre l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen à l’âge de 35 ans. Pour l’occasion, il prononce un discours de réception sur « L’Histoire de l’industrie en France depuis Charlemagne jusqu’à nos jours ». Figure active au sein des sociétés savantes normandes, il oriente ses recherches sur l’économie des combustibles dans l’industrie (houille et tourbe) - ses propositions sont récompensées par une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1867- et s’illustre par des travaux de recherche pour améliorer les techniques de la teinture. En 1872, il devient finalement le président de l’Académie de Rouen. Ce « savant industriel » fût en parallèle juge au tribunal de commerce, administrateur des hospices, correspondant de la Société de Mulhouse et vice-consul d’Autriche.

DELACLUZE, Jean-Edme (1778 - vers 1858)
Portrait de Prosper PIMONT (1797- 1876),
producteur d’indiennes
Rouen, vers 1830
Aquarelle et gouache sur ivoire, 14.3 x 12.5 cm,
Rouen, Musée des Beaux-arts, département des arts graphiques, inv. AG.1901.7.1
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES

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Fils de négociants rouennais, Lemonnier reçoit la commande par les consuls de la ville d’une première toile commémorant le passage de Louis XVI à Rouen en 1786 puis d’une seconde, l’Esprit du Commerce, achevée en 1792. Selon la tradition de l’allégorie des quatre continents, l’Europe, souveraine, trône et reçoit l’hommage de l’Asie parée de ses trésors – dont certains évoquent son ancienneté civilisationnelle –, tandis que l’Amérique, jeune continent encore méconnu et à demi-nu, implore la protection du Vieux Monde. Aux antipodes de l’Europe policée, l’Afrique repousse ses enfants qu’elle sait condamnés à l’esclavage, sur un fond de port grouillant de vaisseaux et de marchands.

LEMONNIER, Anicet Charles Gabriel (1743-1824)
Esprit du commerce
Rouen, 1787,
huile sur toile
Rouen, Musée des beaux-arts -RMM, 1911.4.1
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES

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Gabriel Salomon Raba est un juif portugais, né à Bragance en 1741. Avec ses sept frères, il fonde à Bordeaux une maison de commerce en 1763 qui assure leur fortune. L’année suivante, il s’installe à Saint-Domingue qu’il quitte en 1777. Le surnom l’Américain désigne souvent les planteurs.


Anonyme
Portrait de Gabriel Henriques Raba (1741-1820), dit le Consul ou l’Américain
Fin du XVIIIe siècle
Huile sur toile, 98x79 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, collection Raba, inv. 2013.9.4

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Après la première abolition de l'esclavage sous la Révolution, les industriels rouennais, comme Barbet, propriétaire d’une manufacture à Déville-lès-Rouen et d’un hôtel particulier dans le quartier des marchands à Rouen, font aussi pression sur les pouvoirs publics afin de ne pas défaire le système économique en place.

DESORIA, Jean-Baptiste François (1758-1832)
Portrait de Jacques-Juste-Bonaventure Barbet,
industriel rouennais tenant un échantillon de cotonnade Rouen,
1804, Huile sur toile ,66,5 x 55,5 x 4 cm 
Rouen, musée des Beaux-Arts – RMM, inv. X.161
© Réunion des Musées Métropolitains, Rouen Normandie.
Cliché Y. DESLANDES

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Catherine Baour est la sœur de l’armateur Jean Louis Baour. Son union avec le négociant Pierre Balguerie illustre les stratégies matrimoniales et la collusion d’intérêts des grandes dynasties négociantes bordelaises. Une expédition négrière en commun a été vraisemblablement armée en 1791.


Anonyme
Portrait de Catherine Baour (1747-1793)
Vers 1770
Pastel, 57x47 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, collection Duret, inv. 2008.8.2

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Jean Louis 1er Baour dit Alexis, est l’héritier du Comptoir Baour fondé à Bordeaux en 1715. Cette maison prospère d’armement et de négoce développe d’importantes relations commerciales avec Saint-Domingue, l’Amérique du Sud et l’océan Indien. La maison Baour arme six navires pour la traite depuis Bordeaux entre 1785 et 1792.


Anonyme
Portrait de Jean Louis 1er Baour, dit Alexis (1750-1830)
1764
Pastel, 58x45 cm
Bordeaux, musée d’Aquitaine, collection Duret, inv. 2008.8.1

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SELLES, Pierre Nicolas (1751-1831),
portrait de Marie-Magdeleine Lacoudrais, née Lecarpentier, épouse de Joseph-Armand Coudre-Lacoudrais,
fin du 18e siècle,
huile sur toile, 54 x 48,7 cm,
Musée de la Marine, Honfleur, inv.48.81,
don Albert Dubourg, 1946
© Illustria

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Joseph-Armand Lacoudrais est l'un des capitaines commandant les navires armés par son frère Louis-Guillaume-Nicolas. Les Lacoudrais illustrent parfaitement le fait que la traite fut souvent une affaire de famille.

SELLES, Pierre Nicolas (1751-1831), attribué à
Portrait de Joseph-Armand Coudre-Lacoudrais (1751-1789),
fin du 18e siècle, huile sur toile, 82 x 69 cm,
Musée de la Marine, Honfleur, inv.48.81,
don Albert Dubourg, 1946,
© Illustria

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Associé à son cadet Stanislas, Martin-Pierre Foäche fait partie des principaux négociants du Havre. Les activités des frères Foäche, appuyées sur le commerce colonial, sont multiples. Ils arment en droiture, affrètent 18 navires pour la traite et investissent dans des plantations à Saint-Domingue.

ROSLIN, Alexandre (1718-1784),
Portrait de Martin Pierre Foäche,
1784, huile sur toile, 92 x 78,8 cm.
Le Havre, Musées d'art et d'histoire, inv. MA.1987.1.1, achat avec participation du FRAM

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MORLOT, Pierre-Bernard (1753) Marguerite Deurbroucq et une femme vivant en esclavage à Nantes Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes © André Bocquel

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MORLOT, Pierre-Bernard (1753) Dominique Deurbroucq et un jeune garçon vivant en esclavage à Nantes Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes © André Bocquel

Les tableaux de Dominique Deurbroucq et de son épouse née Marguerite Sengstack, réalisés par Pierre-Bernard Morlot en 1753, sont exceptionnels par la représentation d’un homme et d’une femme vivant en esclavage à Nantes, figurant à leurs côtés. Si les modèles n’ont, à ce jour, pas encore été identifiés, ils témoignent de l’existence de personnes en état de servitude sur le sol français.

Notice : © Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes

MORLOT, Pierre-Bernard (1716 - 1780) Marguerite Deurbroucq et une femme vivant en esclavage à Nantes et Dominique Deurbroucq et un jeune garçon vivant en esclavage à Nantes
1753
Huile sur toile, 162,6 x 131,1 cm
Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, inv. 2015.5.2 et 2015.5.2
Achat avec l’aide du FRAME